Le géant de la biométrie Idemia tisse sa toile
Son pouvoir augmente à mesure qu’il engrange vos données personnelles.
Si la pandémie a freiné l’économie, elle a révélé des opportunités dans le domaine de la biométrie. Au fil des contrats que l’entreprise Idemia décroche partout sur la planète, parfois de manière douteuse, son pouvoir se concentre inexorablement. Mais, au-delà de cette réussite commerciale, l’industrie du contrôle et de la surveillance pose la légitime question de la sécurité du dispositif, et donc de la protection des données personnelles collectées… au nom de la sécurité.
Une nouvelle société du tout-numérique se dessine chaque jour plus distinctement. Au sein du marché de la biométrie, le leader autoproclamé de « l’identité augmentée » Idemia, enchaîne les contrats parmi une multitude d’autres acteurs. Derniers en date: la carte eSIM nouvelle génération compatible avec les réseaux 5G pour l’automobile connectée; des cartes SIM 5G pour le principal opérateur de télécommunications de Singapour, M1 Limited, ou sa technologie de reconnaissance faciale MFACE pour contrôler l’identité des voyageurs en partance depuis l’aéroport d’Oakland en Californie. Mais ces récents contrats ne sont qu’une infime partie de l’œuvre tentaculaire du géant de la biométrie. D’après Mathieu Rigouste, chercheur indépendant auprès de la plateforme enquetecritique.org, «Idemia profite du développement continu du business des frontières, des catastrophes et des grands événements.» Son pouvoir se concentre à mesure qu’il tisse sa toile sur la planète et que ses baies de stockage engrangent vos données personnelles.
Les solutions numériques sont là pour nous protéger. Idemia ne cesse de le marteler. Son vice-président chargé de l’Afrique, Olivier Charlanes ne déclarait-il pas lors d’un entretien accordé à Jeune Afrique en 2018: «Notre société vend de la sécurité, donc de la confiance». Mathieu Rigouste rappelle qu’« Idemia était l’un des principaux sponsors du Milipol 2021, salon mondial des industries militaro-sécuritaires françaises organisé par le ministère de l’intérieur. L’entreprise était aussi le fournisseur des technologies numériques permettant de contrôler les entrées et la circulation des visiteurs à l’intérieur. » Cet événement est l’occasion pour Idemia, de présenter son système d’identification biométrique mobile pour les forces de l’ordre sur le terrain ou la biométrie sans contact pour faciliter les contrôles de sécurité dans les stades ou les aéroports. Le marché de la sécurité des États « redevient extrêmement dynamique », se félicitait le préfet Yann Jounot, dans un contexte de crise, lors du même salon qu’il préside.
Selon le dernier rapport IMARC, le marché mondial de la biométrie a atteint une valeur de 23,5 milliards de dollars en 2020. Il était estimé à 19,84 milliards en 2019 et 16,7 milliards en 2018. Un marché en pleine évolution, d’autant que la pandémie offre de nouvelles opportunités : « L’épidémie de coronavirus (COVID-19) devrait entraîner une évolution importante vers des solutions biométriques sans contact, telles que la reconnaissance de l’iris, du visage et de la voix, pour l’authentification de l’identité, ainsi que le remplacement des mesures de sécurité conventionnelles », précise le document. C’est dire si l’avenir est radieux…
Le mastodonte de l’intelligence artificielle revendique désormais près de 15.000 employés dans le monde. Le ministère américain de la Défense, le FBI, Interpol, des services de police ou de renseignement comptent parmi ses clients répartis dans plus de 180 pays. La firme, qui dispose d’un gros marché aux États-Unis où elle réalise près d’un tiers de son chiffre d’affaire, avec notamment l’émission de permis de conduire, passeports et cartes d’identité, annonce avoir délivré plus de 3 milliards de documents d’identité dans le monde et 800 millions de cartes SIM en 2019.
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